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L'Arbre aux Hérons : L'œuvre inachevée ?

Après l’annonce faite par Johanna Rolland maire de Nantes et Présidente de Nantes Métropole hier, de l’abandon de l’Arbre aux hérons, nous avons souhaité exprimer notre incompréhension.

Pour rappel, L’Arbre aux Hérons, c’est :
– 20 ans de notre vie d’artistes et de créateurs
– des milliers de pages d’études, des dizaines de prototypes et de maquettes
– 15 animaux construits et présentés aux Nantais dans la Galerie des machines,
– des centaines de milliers de visiteurs aux Machines de l’Ile chaque année
– une équipe de 100 ingénieurs et constructeurs,
– un Grand Héron posé sur le parvis,
– des partenaires, des mécènes de tous pays
– plusieurs millions d’argent public et de contributions privées déjà engagés.

Tous sont aujourd’hui privés de leur rêve et pourront se sentir trahis car cette aventure est avant tout collective. L’Arbre aux Hérons avait déjà commencé à pousser, ce n’est pas un projet qu’on arrête, c’est une œuvre en construction qui restera inachevée. L’annonce est brutale. Aujourd’hui l’émotion domine : elle est faite de déception et de tristesse.

L’Arbre était-il juridiquement et économiquement faisable ?
On peut difficilement croire qu’après des années d’études et de dialogue avec les services de l’Etat, qui a d’ailleurs mis la main à la poche sur le projet, ce ne soit qu’aujourd’hui que les techniciens découvrent des impasses juridiques ou financières. Cet argumentaire n’est pas sérieux. Le chiffre de 80 millions d’euros est avancé aujourd’hui sans avoir été concerté, sans recherche d’alternatives. L’inflation ajoutera un coût supplémentaire, c’est vrai. C’est le cas pour toutes les opérations de la métropole et sur le territoire national. Le 9 juillet 2021, Johanna Rolland expliquait que le financement de l’Arbre aux Hérons ne représentait, avec la règle de financement choisie des 1/3 Nantes Métropole, 1/3 autres collectivités et 1/3 entreprises privées, que 0.45 % des 2.5 milliards d’investissement global sur 6 ans. Bien que le phénomène se soit accéléré, le pourcentage qu’aurait représenté l’investissement de l’Arbre aux Hérons n’aurait pas même atteint les 1%. Il s’agit donc d’un choix politique, non budgétaire.
La réalité, c’est qu’un véritable tour de passe-passe s’est effectué en faisant voter au début de l’été, le projet du Cap 44 – La Cité de l’imaginaire. Même lieu , même budget, environ 52 millions d’euros. Le choix s’est donc porté sur une médiathèque et un musée. Un projet très « sage et raisonnable » effectivement. Fera-t-il rêver dans ce Jardin «Extraordinaire» ?

Gouverner c’est décider. Ce choix unilatéral est assumé par la Maire-Présidente mais les conséquences en seront collectives. Les mécènes de l’Arbre aux Hérons, les auteurs qui ont emmené avec eux des entreprises, des donateurs de la campagne de financement participatif, des centaines de milliers de visiteurs, des nantais conquis qui ne se manifestent pas sur les réseaux sociaux et bien sûr les salariés des Machines de l’Ile et de la compagnie La Machine s’interrogent. Car cet abandon est aussi une rupture avec la méthode. La démarche engagée et soutenue par la Métropole d’embarquer l’ensemble de la société civile dans ce projet était inédite. La campagne de crowdfunding, l’engagement des entreprises mécènes dans ce projet relevait d’une démarche participative et fédératrice à l’échelle du territoire. C’est aussi cette démarche qu’on met à mal en même temps que la valeur de la parole publique.

Pourquoi opposer nécessité sociale et écologique et inutilité culturelle ?
Certains ont osé comparer cette œuvre d’art entièrement végétalisée qui a été l’élément déclencheur de la création d’un jardin public sur une friche industrielle à l’abandon, à des projets polluants sur des terres fertiles. Soyons sérieux. C’était une première, La Machine, à la demande de la métropole, a réalisé et présenté une évaluation du bilan carbone de l’Arbre qui a mis en évidence un coût carbone comparable à celui de la construction d’un immeuble de 6 étages comme il s’en construit plusieurs chaque année à Nantes. Il n’y avait rien là qui puisse choquer les consciences.

Les choix de société conditionnent le monde dans lequel nous vivons.
Pour bien vivre, l’homme a besoin de rêves et de poésie. Une société en crise ne peut pas se contenter d’éteindre les feux. Si elle ne montre pas aussi que d’autres destins existent, elle est une impasse. Nous restons convaincus que l’art dans l’espace public reste le moteur qui donne à la ville la force qui rassemble, qui transforme, qui humanise.

La devise de la ville de Nantes, « Favet Neptunus Eunti », peut se traduire de deux manières : « Neptune accompagne ceux qui voyagent » ou « Neptune favorise ceux qui osent ! ».
Voulons-nous que Nantes soit une ville sage, une belle endormie ? Souhaitons-nous oublier que c’est par son audace qu’elle est devenue l’une des premières villes où les français ont envie de vivre ?

Alors que faire maintenant ?
Toute cette énergie ne peut pas n’avoir servi à rien.
Nous refusons de croire que Nantes ne reste pas la ville que nous avons connue, innovante, joyeuse, créative.
Nous reprendrons le dialogue avec la maire présidente.
Nous devons nous parler, continuer à travailler ensemble, pour envisager l’avenir des machines, le devenir du bestiaire, le nouvel usage du Grand héron, la nouvelle figure du Jardin Extraordinaire.
Les Machines de l’Ile et la Compagnie La Machine restent un des emblèmes majeurs de la ville.
La compagnie La Machine a encore de grandes choses à faire vivre aux Nantais.
Nous avons bien d’autres idées, bien d’autres projets.
Nous vous en parlerons bientôt.

Pierre Orefice, François Delaroziere et la Compagnie La Machine

Contact presse Fredette Lampre | 06 87 77 28 71 | fredette.lampre@lamachine.fr